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CALAMITÉS
23.04.2021

Gel d'avril, le gel de trop !

23.04.2021 -
La Confédération paysanne invitait élu-e-s et paysan-ne-s à une ferme ouverte à l'EARL* de pommières le 4 mai pour dresser un constat, faire des propositions de court et moyen termes.

« C'est plus possible… Il faut faire quelque-chose ! ». Les arboriculteurs et viticulteurs sont venus clamer leur désespoir à Irigny, ce 4 mai, où la Confédération paysanne Auvergne-Rhône-Alpes invitait la DRAAF et les élus. Le maire d'Irigny, le député Jean-Luc FUGIT, et le Vice-Président à l'agriculture de la Métropole Jérémy CAMUS ont répondu présents. Il faut dire que les températures sont descendues jusqu'à -8 °c au petit matin du 8 avril dans les vergers de l'EARL* les pommières, ferme arboricole d'une dizaine d'hectares reprise par Rémi Delesalle et Vincent JANOD en 2012 et 2016. « On a bien essayé de lutter avec nos braseros, on a brulé 20 stères de bois, mais au-delà de -4°C, c'est peine perdue ! » déplore Vincent JANOD qui détaille l'étendue des dégats : 100 % de pertes sur l'ensemble de leurs 4 hectares de fruits à noyaux (pêches, abricots, prunes, cerises) et sur les poiriers. « Les pommiers, c'est encore trop tôt pour le dire, mais on n'aura pas grand-chose, et l'an prochain sera dure également ».


Les dégâts dûs à ce gel sont les derniers d'une trop longue série. « Une année difficile, on sait faire, mais pas chaque année » alerte Rémi DELESALLE « Ça fait notre troisième année sans abricots » détaille Vincent JANOD. « Depuis la reprise de l'exploitation en 2012, on a enchaîné les incidents climatiques majeurs…  Gel, grêle... Il n'y a que 2017 que l'on peut considérer comme normale. On a un cumul d'incidents en 3 ans que notre prédécesseur, Gérard LHOPITAL n'avait jamais eu en 40 ans ! ».

 

« Les agriculteurs ne doivent pas être les seuls à payer les pots cassés du dérèglement climatique ! »


Comme d'autres arboriculteurs du coin, Vincent et Rémi ont cette année décidé de planter des cultures annuelles (fraises, tomates et courges), qui seront transformées en confitures, jus et soupes dans leur atelier. « C'est pour sauver les meubles » explique Rémi DELESALLE. « Non pas que cela nous plaise ou que l'on ait que ça à faire de courir entre les différents ateliers, mais on n'a tout simplement pas le choix ». Il faut dire aussi que les deux jeunes viennent d'investir dans un bâtiment flambant neuf, avec atelier de transformation et travail à façon pour les collègues, mais qu'il faut maintenant rembourser à la banque.


Les deux salariés à temps plein en CDI sont également une épine dans le pieds pour l'EARL*. « On ne peut pas les laisser partir… On va avoir besoin d'eux cet hiver pour la taille, même si on n'a pas de quoi les payer… » Le dispositif de chômage partiel du dispositif Covid, étendu au gel d'avril, sera sous doute insuffisant, l'État prévoyant un reste à charge conséquent pour les employeurs.


D'autres arboriculteurs alertent l'administration sur le cas des paysans faisant les marchés de plein-air. « Il ne faudrait pas qu'ils perdent leur place et se retrouvent au rappel s'ils ne viennent qu'une fois sur 4 », estime Jean-Luc JUTHIER.
La Confédération paysanne a fait part de ses propositions aux élus et administratifs : Pour les aides d'urgence, il faut que personne ne soit laissé sur le carreau. Le milliard promis par l'État (voir détail en page 10) semble bien maigre face à l'étendue des dégâts, même si la Région ou encore le Grand Lyon ont promis d'en débloquer d'autres. La Confédération paysanne place par ailleurs en priorité absolue de réformer rapidement les outils de gestions de risques, et revendique la création d'un fonds mutuel et solidaire pour toutes les productions et tous les aléas (voir encadré). Elle propose également un dispositif fiscal permettant aux paysans de mettre de côté, de manière volontaire, une partie de leur revenu pour faire face aux années difficiles. La recherche doit également être dotée de moyens beaucoup plus importants pour adapter l'agriculture face au changement climatique et pour  inciter les fermes à plus de résilience. Enfin, et c'est sans doute le plus important, ce sont des PRIX RÉMUNÉRATEURS dont ont besoin les paysans pour faire face aux aléas de production. En fruits et légumes, la Confédération paysanne propose la mise en place de prix minimum d'entrée pour interdire la concurrence déloyale de produits étrangers à des prix plus bas que les coûts de production français.

 

La Conf propose un fonds mutuel et solidaire, unique et universel


Les deux outils existants de gestion des risques, le système des calamités (indemnisations versées par l'État) et les assurances privées (assurance récolte dont 65% du montant est pris en charge par la PAC*), ne fonctionnent plus. Les calamités ont été peu à peu vidées de leur substance au profit des assurances privées, qui par définition agissent sur des aléas exceptionnels ! Elles ne peuvent raisonnablement pas être une réponse face à l'impact du changement climatique en agriculture. D'ailleurs les assurances perdent aujourd'hui de l'argent avec toutes leurs assurance climatiques, hormis sur la grêle. Et le plus grave, c'est que seulement 2 % des arboriculteurs sont assurés !

La Confédération paysanne propose donc la création d'un Fonds mutuel et solidaire.

  • De 0 à 20% de perte : couverture par les stratégies individuelles au niveau de la ferme (trésorerie, etc.).
  • De 20 à 30% de pertes : outils de lissage du revenu (provision pour aléas, défiscalisation des stocks)
  • De 31 à 50% de pertes : fonds mutuel et solidaire pour toutes les productions et tous les aléas (gel, grêle, sécheresse, neige, tempête...). Il serait financé par les cotisations des agriculteurs, par l'aval de la filière, l'État, l'Europe (réorientation complète de l'argent du FEADER actuellement utilisé pour cofinancer les assurances privées) et une nouvelle taxe sur la spéculation sur les matières premières agricoles. Les agriculteurs ne doivent pas être les seuls à payer les pots cassés du dérèglement climatique !
  • De 51 à 100% de pertes (état de catastrophe): intervention de l'État renforçant le fonds mutuel et solidaire.

 

 

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