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05.01.2020

Desintox Retraites : les agriculteurs vraiment gagnants ?

13.02.2020 -
Les agriculteurs seraient les grands gagnants de la réforme des retraites selon la propagande gouvernementale. Pas franchement, rétorque la Confédération paysanne. Décryptage.

 

Un allongement de la durée de travail ?
OUI


La décision de porter l'âge pivot à 64 ans rallonge la durée de travail de 2 ans pour ouvrir les droits à une pension complète. Il est fort probable que suite à des années de labeur dont la pénibilité n'est pas prise en compte (50 à 80 h travaillées par semaine en moyenne) les corps fatigués réclament un arrêt à 62 ans au plus tard. L'application de la décote de 5 % par an rapport à l'âge pivot ramènerait alors la pension promise de 1000 € à un niveau moyen autour des 900 € à peine supérieur à la moyenne actuelle de 850€. Cette réforme présentée abusivement comme une avancée sociale constitue en fait une régression réelle des conditions de vie et de travail des paysans condamnés à travailler plus longtemps pour garantir des niveaux de retraites toujours aussi bas.

 

Une retraite à 1000 euros pour les carrières complètes ?
CA DEPEND


C'est l'argument phare du gouvernement : la promesse d'une retraite à 1000 euros ! Soi-disant, nous agriculteurs, serions les grands gagnants de la réforme des retraites ! Edouard Philippe a promis qu'une personne "ayant fait toute sa carrière au SMIC* percevra 1000 euros net de retraite en 2022, puis 85% du SMIC* en 2025". Encore faut-il parvenir à tenir toute une carrière au SMIC*, en cotisant deux ans de plus ! Dans la production agricole, les revenus varient fortement d'une année sur l'autre, les carrières sont souvent très hétérogènes. D'autant que les agriculteurs sont tous incités à des stratégies d'optimisation fiscale - changer de tracteur pour payer moins d'impôts par exemple - en vue de réduire le revenu disponible sur lequel sont prélevées les cotisations. Quid des conjoints collaborateurs (trop souvent, des femmes), des jeunes ayant commencé comme cotisants solidaires, ou ayant bénéficié d'exonérations car en difficultés financières ? Ils sont les grands oubliés de la réforme.  

 

 

Une hausse des cotisations ?
OUI


Le taux de cotisation sociale passera de 21% à 28,12% alors que la rémunération du travail agricole n'est toujours pas consolidée. Une réduction d'une part de la CSG est envisagée pour réduire l'effort demandé aux agriculteurs. L'objectif étant d'harmoniser le régime pour tous les indépendants, le taux de cotisation des agriculteurs sera bien supérieur au taux actuel. Sans politique publique capable de relever et de sécuriser le revenu des paysans, cette condition est intenable.

 

Une décision nouvelle ?
NON


Cela fait 17 ans que cette hausse des pensions est promises ! Cette proposition de 1000 euros minimum est en réalité issue d'une loi du 21 août 2003, mise en application pour les salariés du régime général en 2009, mais sans cesse repoussée (2019 puis 2020 et maintenant 2025) pour les non-salariés agricoles. Alors ministre de la Fonction publique, de la Réforme de l'État et de l'Aménagement du territoire, Jean-Paul Delevoye s'était déjà engagé à garantir en 2008 une retraite égale à 85 % du SMIC* aux assurés ayant une carrière complète.  En décembre 2016, une proposition de loi avait déjà été déposée pour porter le niveau minimal des retraites agricoles de 75% à 85% du smic. Mais en mars 2018, le gouvernement a renvoyé l'application du texte après sa réforme des retraites.

 

Une exclusion des retraités actuels ?
OUI


Si cette réforme améliore potentiellement le sort des futurs retraités agricoles, elle ne change rien à celui des 1,3 million de retraités actuels, ni à ceux qui vont prendre leur retraite d'ici à 2022.

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