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VITICULTURE
28.01.2017

Plan régional de relance du Beaujolais : coup de com' ou réel intérêt ?

La Région Auvergne Rhône-Alpes a présenté en grande pompe cet automne un plan d'action pour le vignoble beaujolais, de 3,5 millions d'euros sur 5 ans. Va t-il être utile aux vignerons? Qu'en pense la Confédération paysanne ? Décrytage.


Que penser de l'intention globale du plan ?

 

>> L'avis de la Conf
L'intention est a priori plutôt louable. Que la Région prenne le Beaujolais en considération par un plan spécifique est en soit une très bonne nouvelle, même si elle n'a pas pas crié sur tous les toits qu'un plan d'action régional existait déjà, le CROF1  vin. Ce nouveau plan s'articule en 4 axes et propose une somme de 5 millions d'euros sur 5 ans, dont 3,5 millions de la Région (dont 830 000 euros du CROF vin, déjà fléchés sur le Beaujolais), 1 million du département, et 500 000 euros attendues des intercommunalités. Les 8 millions espérés par M. Wauquiez, avec des fonds européens, semblent s'éloigner, les montages de dossiers n'étant pas partis sur de bonnes bases. Même si elle est élevée, la somme de 5 millions perd tout de même un peu de son éclat si on la ramène au vigneron, autour de 410 euros par an et par professionnel. Voilà sur les montants. Sur le fonds, ce plan est encore à construire. La Région a missionné l'Interbeaujolais pour rédiger les fiches actions, qui pourraient être validées par la Région en milieu d'année. Nous attendons donc de voir qui en profitera et serons vigilants à ce que la majorité des fonds ne soit pas fléchée en priorité vers les grosses sociétés.

 

 

 

Que penser de chacun des 4 axes de travail ?



1. Moderniser le vignoble par la relance de l'investissement et la restructuration des plantations

aides à l'acquisition de matériels productifs (travail du sol, matériel d'arrachage et de plantation, matériel de désherbage thermique et de précision)

soutien aux investissements dans les outils de commercialisation (ex : caveaux de vente)
 

>> L'avis de la Conf
Nous saluons le fait de pouvoir accéder aux aides même sur de l'acquisition de matériel d'occasion. Avant de voir nos Coteaux complètement abandonnés, il serait sans doute pertinent de majorer les aides aux matériels de travail dans les secteurs pentus.

 

 

2. Dynamiser le ventes

mise en place d'actions collectives pour aller gagner des parts de marchés (salons professionnels et grands publics en France et à l'international, action de promotion à l'export)

création d'outils de communication individuels et collectifs

aides à l'embauche de forces de vente partagées et qualifiées
 

>> L'avis de la Conf
L'aide à l'embauche de force de vente collective est une bonne idée, nous en avons souvent fait l'éloge, car il est vrai que produire et vendre sont des métiers distincts. On peut faire un bon vin sans savoir le vendre ou l'inverse. Cependant, cela demande un financement important et pérenne, ce plan suffira t-il ? Par ailleurs, on ne peut que regretter l'absence d'appui individuel aux salons. Nous sommes nombreux à faire la promotion des nos appellations dans des salons, dont les tarifs sont parfois très élevés. Et même si nous vendons nos vins, c'est l'ensemble de nos appellations qui en tire bénéfice.

 

 

3. Rétablir l'image de marque du vignoble

une communication forte et offensive

une meilleure valorisation de l'ensemble des appellations
 

>> L'avis de la Conf
La Région semble vouloir soutenir d'avantage la communication autour des Crus, ce qui nous semble fondamental et que nous pouvons saluer. En effet, nous sommes une des seules régions viticoles à ne pas voir dans nos Crus une locomotive pour promouvoir l'ensemble du vignoble. Pour l'image, une revendication forte et offensive pourrait passer par un soutien marqué pour les installations, le maintien et la conversion des exploitations bio, mais sur ce point rien n'a été dit. Pour ce qui est de la valorisation des appellations, nous verrons également jusqu'à quel point les aides éviterons de financer le matériel de thermovinification comme les chaudières à MPC2, permettant de produire des vins contraires aux principes de nos appellations, sans personnalité et fortement oublieux du terroir. De façon globale, la communication sans un travail sur la qualité intrinsèque de nos vins ne suffira sans doute pas et à ce niveau, le plan ne propose pas grand chose, malheureusement.

 

 

4. Accompagner les professionnels comme des chefs d'entreprise à part entière

des formations individuelles et collectives (commercialisation, marketing, gestion...),

des diagnostics de positionnement économique,

une aide à l'embauche d'un technicien mutualisé pour les deux ODG
 

>> L'avis de la Conf
Les formations à la gestion et au marketing seront comme annoncé, en direction des entreprises se vouant à l'export. Alors, méfiance... Si les sommes allouées à l'investissement sont en plus, dirigées vers les grosses structures, le Beaujolais pourrait bien finir en terrain de jeu pour quelques grosses sociétés aux dépens des viticulteurs. D'ailleurs, certains négociants portent une responsabilité forte sur l'écroulement des prix et ne s'y trompent pas. Ils placent maintenant leurs billes dans les grands domaines qu'ils sont bien les seuls à pouvoir s'offrir, et dans d'immenses vendangeoirs. En conclusion, ce plan a de bonnes intentions, mais sans garde fou, il risque bien d'accélérer l'industrialisation et la financiarisation de notre vignoble beaujolais.

 

La commission viticole

 
 


1 CROF : Contrat régional d'objectif filière
2  MPC : Macération préfermentaire à chaud
 
 


 
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