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SANITAIRE
20.11.2020

Salmonelles: La production locale d’œufs en péril suite à l’abattage préventif de 43 000 poules

20.11.2020 -
Dans les Monts et Coteaux du Lyonnais et à proximité de Lyon, au moins six élevages de poules pondeuses ont été sommés par le Préfet d’abattre leur troupeau à titre préventif contre la salmonelle cet automne. Certains élevages jettent l’éponge, la production locale d’œufs bio et plein-air est en grand péril. La Confédération paysanne du Rhône s'insurge conte une réglementation hypocrite qui favorise clairement les élevages industriels.

 

Angélique Lassonnery est en colère. Cette toute jeune éleveuse de poules pondeuses bio, installée en mars 2020 à St Julien de Bibost, dans les Monts du Lyonnais, vient de devoir abattre tout son troupeau. Ses 700 poules, dont 300 venaient tout juste d'arriver sur la ferme, ont été condamnées par un arrêté préfectoral signé le 13 octobre, après un contrôle positif à la salmonelle à l'intérieur de son poulailler. « Pour le moment, c'est un sentiment d'abattement, d'injustice et de colère qui me domine, principalement envers la DDPP(1) et les politiques, qui n'ont aucun scrupule à décimer des cheptels entiers pour des raisons qui sont plus administratives que sanitaires » clame la jeune éleveuse. La loi oblige les éleveurs de plus de 249 poules à effectuer régulièrement des prélèvements pour la recherche de salmonelle.
 

Première incohérence : Les prélèvements ne sont pas réalisés ni sur les œufs, ni sur les poules, mais dans les litières et parcours, donc dans un milieu vivant où les bactéries sont en concurrence permanente. Les salmonelles sont dans la terre et ressortent facilement par temps humide comme cet automne. Elles peuvent se transmettre par les rongeurs, les oiseaux sauvages, les visiteurs, les insectes, la terre, les poussières… Chez l'humain, vient-on vérifier que votre appartement est stérile pour voir si vous êtes malade ? Heureusement que non, sinon, on serait tout le temps tous malades !

 
Angélique Lassonnery s'insurge contre le grand manque de cohérence de l'administration qui a imposé l'abattage de ses poulettes et la destruction de son stock d'œufs, mais pas le rappel des œufs livrés avant l'arrêté, qui peuvent être vendus sans qu'aucune consigne ne soit donnée au consommateur. « Le risque associé n'est donc pas si élevé !? C'est incompréhensible... »
 
 
"Vient-on vérifier que votre appartement est stérile pour voir si vous êtes malade ?"
 
 
Deuxième aberration : l'impossibilité de réaliser une analyse de confirmation. Jusqu'en 2018, un règlement européen permettait de demander de nouveaux prélèvements en cas d'analyse positive. La France, pleine de zèle, a pourtant supprimé cette possibilité par arrêté ministériel en 2018. Un seul test positif sur la litière entraîne donc l'abattage préventif de tout le troupeau. Pour la Confédération paysanne, il est urgent de se réaligner sur la réglementation européenne, plus juste !
 
Dernière injustice : Les pertes énormes ne sont pas compensées pour les petits élevages. Pour Angélique Lassonnery, la perte est estimée entre 20 000 et 30 000 euros entre la destruction du stock d'œufs, l'équarrissage des poules, l'achat de nouvelles poulettes et le manque à gagner du à l'absence de production avant janvier 2021. Une somme astronomique pour un petit élevage en première année d'installation! Mais les assurances refusent d'assurer un risque aussi grand. Quant à la « charte sanitaire », à laquelle les éleveurs peuvent adhérer en contrepartie d'un dédommagement financier, « aucun petit éleveur ne peut y adhérer. Les investissements demandés sont rédhibitoires ! » assure l'éleveuse.
 
La production d'œufs bio et plein-air est plus que jamais remise en question. Un éleveur plein-air des Coteaux du Lyonnais a décidé de jeter définitivement l'éponge le mois dernier, suite à une nouvelle détection de salmonelle et l'abattage préventif de ses 30 000 poulettes. Angélique Lassonnery prévient : « Tous les éleveurs touchés cet automne sont unanimes, moi y compris : s'ils doivent à nouveau abattre leur cheptel pour salmonelles, ce sera la dernière fois ».
 
Loin de minimiser les risques de salmonelloses, risques à considérer avec le plus grand sérieux, la Confédération paysanne du Rhône s'insurge contre la contradiction entre la réglementation et la demande sociétale : Veut-on des œufs produits par des poules entassées dans des cages aseptisées ou par des poules saines qui grattent une terre vivante et renforcent leur immunité naturelle ? A moins que le projet soit de javelliser les parcours extérieurs des poulaillers tous les jours ? La question doit être débattue franchement et sans détour. Au risque de rendre fou producteurs comme consommateurs.
 
 

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